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glitch [2018/12/04 10:33] stephanieglitch [2018/12/04 10:35] (Version actuelle) stephanie
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 Le terme //glitch// définit le résultat imprévu d’une rupture dans un flux conventionnel d’information. D’abord utilisé dans le langage technique, il s’est maintenant taillé une place dans le domaine de l’art. La pratique du //glitch art// désigne l’esthétisation d’erreurs analogiques ou numériques par corruption de code ou de données ou par manipulations d’appareils électroniques. Quel rôle peut bien jouer ce phénomène dans la société actuelle et quels discours adoptent les artistes en l’utilisant comme forme de création? Nous le verrons en s’appuyant sur le //Glitch studies manifesto// de Rosa Menkman et quelques œuvres tout en faisant un parallèle entre le //glitch// et le principe de distanciation.  Le terme //glitch// définit le résultat imprévu d’une rupture dans un flux conventionnel d’information. D’abord utilisé dans le langage technique, il s’est maintenant taillé une place dans le domaine de l’art. La pratique du //glitch art// désigne l’esthétisation d’erreurs analogiques ou numériques par corruption de code ou de données ou par manipulations d’appareils électroniques. Quel rôle peut bien jouer ce phénomène dans la société actuelle et quels discours adoptent les artistes en l’utilisant comme forme de création? Nous le verrons en s’appuyant sur le //Glitch studies manifesto// de Rosa Menkman et quelques œuvres tout en faisant un parallèle entre le //glitch// et le principe de distanciation. 
  
-Notons d’abord que Rosa Menkman artiste, théoricienne et auteure néerlandaise fait une différence entre le //glitch// comme terme technologique et le //glitch// comme terme artistique. Le premier est plutôt pour définir le bogue qui se manifeste lorsqu’un logiciel ne répond plus, par exemple, alors que le deuxième est plus que le bogue lui-même. Le //glitch art// ne contient pas toujours nécessairement de vrais bogues. Dans ce cas-ci, le //glitch art// se veut plutôt une idéologie, un concept de destruction ou de création nouvelle à partir de l’échec généré par un système. Les artistes peuvent donc le travailler de façon accidentelle ou provoquée. « Dans les deux cas, les créateurs le font pour la valeur esthétique des //glitchs// et pour leur capacité à briser cet effet d’immersion par lequel nous devenons inconscients du fonctionnement technique des outils informatiques que nous utilisons et pour protester contre l’obsolescence programmée. (Delbecque, 2016) » Le //glitch// peut être perçu comme une perturbation dans la perception linéaire et passive du spectateur. Il force donc un recul sur notre propre réalité et notre expérience avec le matériel informatique, à la manière du principe de distanciation. Principe théorisé par plusieurs mais davantage par Bertolt Brecht, au théâtre. « Le but premier de la théorisation sur le concept de distanciation brechtienne est de créer une distance critique pour le spectateur: elle devra permettre au spectateur de parvenir à une libération sociale et politique, autrement dit, le but de Brecht est de générer un sentiment de citoyenneté chez son spectateur, d’en faire un spectateur-citoyen». (Remy, 2012) Le //glitch// ou les œuvres de //glitch art// agiraient comme perturbateurs dans des politiques déjà bien établies et forceraient l’artiste et le spectateur à se libérer de ces conventions et standards et ainsi « relayer la membrane du normal. (Menkman, 2009/2010) » Comme Rosa Menkman l’avance dans son manifeste //Glitch Studies Manifesto//, le //glitch// s’oppose à ce qui a déjà du sens et nous force à redéfinir ce sens. Si l’on regarde, par exemple, la page web du collectif JODI ([[http://wwwwwwwww.jodi.org|http://wwwwwwwww.jodi.org]]), on remarque bien cette idée de redéfinition de ce qui a du sens, de revoir la membrane du normal. +Notons d’abord que Rosa Menkman artiste, théoricienne et auteure néerlandaise fait une différence entre le //glitch// comme terme technologique et le //glitch// comme terme artistique. Le premier est plutôt pour définir le bogue qui se manifeste lorsqu’un logiciel ne répond plus, par exemple, alors que le deuxième est plus que le bogue lui-même. Le //glitch art// ne contient pas toujours nécessairement de vrais bogues. Dans ce cas-ci, le //glitch art// se veut plutôt une idéologie, un concept de destruction ou de création nouvelle à partir de l’échec généré par un système. Les artistes peuvent donc le travailler de façon accidentelle ou provoquée. « Dans les deux cas, les créateurs le font pour la valeur esthétique des //glitchs// et pour leur capacité à briser cet effet d’immersion par lequel nous devenons inconscients du fonctionnement technique des outils informatiques que nous utilisons et pour protester contre l’obsolescence programmée. (Delbecque, 2016) » Le //glitch// peut être perçu comme une perturbation dans la perception linéaire et passive du spectateur. Il force donc un recul sur notre propre réalité et notre expérience avec le matériel informatique, à la manière du principe de distanciation. Principe théorisé par plusieurs mais davantage par Bertolt Brecht, au théâtre. « Le but premier de la théorisation sur le concept de distanciation brechtienne est de créer une distance critique pour le spectateur: elle devra permettre au spectateur de parvenir à une libération sociale et politique, autrement dit, le but de Brecht est de générer un sentiment de citoyenneté chez son spectateur, d’en faire un spectateur-citoyen». (Remy, 2012) Le //glitch// ou les œuvres de //glitch art// agiraient comme perturbateurs dans des politiques déjà bien établies et forceraient l’artiste et le spectateur à se libérer de ces conventions et standards et ainsi « relayer la membrane du normal. (Menkman, 2009/2010) » Comme Rosa Menkman l’avance dans son manifeste //Glitch Studies Manifesto//, le //glitch// s’oppose à ce qui a déjà du sens et nous force à redéfinir ce sens.  
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 +Si l’on regarde, par exemple, la page web du collectif JODI ([[http://wwwwwwwww.jodi.org|http://wwwwwwwww.jodi.org]]), on remarque bien cette idée de redéfinition de ce qui a du sens, de revoir la membrane du normal. 
  
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